Quelles seront les tendances dominantes durant les années 2020 ? Réponses de 6 chasseurs de tendances danois.
1. Petits intérieurs et solutions plurifonctionnelles
Durant les années 2020, on se battra pour gagner de la place. Nous serons de plus en plus nombreux à emménager dans de petits intérieurs urbains.
D’après une étude réalisée par la London School of Economics, 66% des habitants de la planète vivront en zone urbaine d’ici à 2050. « L’urbanisation fait en effet partie des macrotendances qui marqueront la décennie à venir », explique Anne Dencker Bædkel, sociologue et experte en prospectives au sein du Copenhagen Institute of Future Studies.
« Nous allons nous rapprocher de plus en plus les uns des autres, au cœur des villes, là où le manque d’espace est évident », poursuit-elle.
Les zones les plus convoitées n’en seront que plus chères, pointe par ailleurs l’experte.
Dans un tel contexte, la demande de solutions plurifonctionnelles et de gain d’espace croît de façon exponentielle. Cela sera certainement, prédisent les spécialistes, le point de départ d’une tendance majeure. Nous devrions assister à la multiplication des idées visant à créer « plusieurs pièces en une seule », mais aussi à une recrudescence du minimalisme. Les solutions de rangement ne seront pas en reste, en réponse à un réel besoin.
« Une pièce peut aisément remplir plusieurs fonctions. Par exemple, la chambre d’amis peut être pensée pour devenir un bureau et un espace de méditation. Cette approche plurifonctionnelle va sans aucun doute se démocratiser et toucher de nombreux foyers », annonce Missona Aston, experte en tendances consommateurs et prospective. Elle évoque aussi la facilité avec laquelle il est désormais possible de modifier l’atmosphère d’une pièce grâce aux technologies d’éclairage les plus récentes.
2. Les seniors domineront le marché de l’immobilier
Durant les années 2020, le nombre de sexa et septuagénaires va grimper en flèche, avec l’entrée des baby-boomers dans le « troisième âge » (les années post-retraite durant lesquelles nous restons en forme et actifs). En France, l’Insee estimait en effet à 20,3 % la part des 65 ans et plus pour l’année 2019. Selon l’Institut, cette tendance se poursuivra dans les prochaines années, 2020 inaugurant une forte augmentation de la part des 75 ans ou plus.
Cette nouvelle vague de seniors dominera certainement le marché de l’immobilier – entre autres –, avec notamment des solutions d’habitat partagé, loin des actuelles maisons de retraite. Les seniors du futur proche seront en meilleure forme, plus énergiques et entreprenants que ceux des générations passées.
« Depuis très longtemps, la maison telle qu’on se la représente est un foyer avec parents et enfants. Cette vision domine le marché. Tout cela va être redéfini par l’arrivée d’une autre génération de seniors. Nouveau marché de l’immobilier, nouvelles formes d’habitat, voilà ce qui est à prévoir », affirme Mette Mechlenborg, chercheuse spécialisée dans l’habitat au sein de l’université d’Aalborg.
3. Des maisons plus intelligentes
Avancées technologiques obligent, nos intérieurs vont devenir de plus en plus intelligents dans les décennies à venir. « Les choses évoluent à vitesse grand V du côté de la technologie », explique Rie Fjordsøe Rasmussen, éditeur de tendances au sein de l’institut scandinave des tendances Pej Gruppen. « En résumé, nous cherchons à nous faciliter la vie. Imaginez un miroir qui soit aussi un coach sportif, un réfrigérateur avec une petite jardinière d’intérieur… »
Missona Aston ajoute que si la technologie, de plus en plus intelligente, se taille une part du lion dans nos intérieurs, elle se fait aussi de plus en plus discrète. « Aujourd’hui, la technologie invisible est un marqueur social : on ne veut plus qu’elle altère la déco ou la pureté des lignes. Elle doit être en retrait et servir ses objectifs, c’est tout. »
Les experts précisent que, entre plébiscite général pour les solutions intelligentes et technologies de pointe, des voix plus ou moins fortes ne manqueront pas de s’élever contre une certaine course en avant.
« Une brosse à dents qui nous dit que nos dents ne sont pas assez bien brossées et qui prend rendez-vous chez le dentiste pour nous, c’est bien », commente Anne-Marie Dahl, experte en prospection chez Futuria. « Mais quid de notre besoin profond de déconnecter, d’être tranquilles ? Et si j’ai envie de prendre quelque chose dans le frigo mais que ce dernier me dit que je n’ai pas assez bougé aujourd’hui pour m’offrir ce petit extra ? Cela va nécessairement faire naître des réactions anti-technologie : “OK Google, lâche-moi et laisse-moi piloter ma maison comme je l’entends”. »
4. Des structures familiales redessinées et une multiplication des habitats communautaires
Certains emménageront en famille, d’autres opteront pour un logement communautaire haut de gamme quand d’autres encore vivront à l’heure de l’intergénérationnel. La définition du mot « foyer » tel que nous l’entendons aujourd’hui va bouger. Le schéma papa-maman-enfants ne sera plus automatique, s’accordent à dire plusieurs des experts que nous avons consultés.
« L’idée de relations familiales solides hors du modèle classique nucléaire fait son chemin. Famille et foyer étant intimement liés, cela va naturellement modifier la conception que nous nous faisons de la “maison” », complète Mette Mechlenborg.
Le nombre croissant de familles comptant, par exemple, deux mamans ou deux papas, fait bouger les lignes, estime-t-elle. En d’autres termes, le périmètre de ce qu’est « la famille » ou « la » maison. Vivre différemment n’est plus tabou.
Selon Anne Bædkel, cette tendance s’exprimera entre autres par la multiplication des habitats partagés. « Il s’agira de communautés choisies et voulues, associées à un certain statut social. Rien à voir donc avec la vie en commun telle qu’on se l’imagine habituellement, comme dans ces horribles cuisines de cité U. »
Missona Aston ajoute que ces nouvelles formes d’habitat partagé émergeront pour répondre à tous les styles de vie, pas uniquement celui des célibataires en zones urbaines. Il pourra s’agir de structures intergénérationnelles ou plurifamiliales au sein d’écovillages hors des villes.
« C’est assez directement lié à l’économie du partage. Cette dernière pose la question du périmètre de nos besoins, d’une meilleure qualité de vie sans nécessairement dépenser plus, par exemple pour une cuisine que l’on peut partager avec d’autres. »
Anne Bædkel pense également que la décennie 2020 sera placée sous le signe d’une attention accrue au logement écoresponsable et durable. Un état d’esprit qui se marie mal avec l’idée de personnes vivant seules dans leur propre appartement. « Vivre avec d’autres peut, à grande échelle, faire la différence, en matière de gâchis alimentaire ou d’occupation de l’espace, par exemple. »
5. Matériaux durables : moins de plastique, plus de végan
La décennie à venir sera celle de l’action en ce qui concerne le développement durable. Les valeurs liées à l’environnement, au climat ou à la vie animale font aujourd’hui beaucoup parler d’elles, mais les actions ne suivent pas beaucoup. Tout cela va bientôt changer. Les experts entrevoient ainsi deux tendances : un meilleur réflexe de recyclage d’un côté et davantage de matériaux végans de l’autre, notamment dans nos maisons, où le plastique va totalement passer de mode.
« Le plastique va devenir l’ennemi public numéro un », déclare Mads Arlien-Søborg. « Il nous faut trouver des alternatives pour les articles de maison. Je suis convaincu qu’on verra de vrais développements à ce sujet dans la décennie à venir. »
Il estime en outre que le mouvement végan qui s’est imposé dans l’industrie alimentaire ne s’arrêtera pas en si bon chemin et sera sous les feux de la rampe dans la maison aussi.
Paradoxalement, le véganisme au quotidien se passe difficilement de plastique. À titre d’exemple, les alternatives véganes au cuir, aux peaux et à la fourrure en contiennent souvent, à l’image de la fausse fourrure ou du faux cuir.
« Nous prenons doucement conscience du fait que l’offre végane n’est pas si bonne que ça pour l’environnement. C’est pourquoi les designers vont se mettre en quête de nouveaux matériaux, comme des alternatives au cuir, mais sans plastique, par exemple. »
L’assise de ce fauteuil est en peau de saumon, les accoudoirs en plastique recyclé.
Citons dès à présent des solutions comme le cuir réalisé à base de pelures de pommes (déchets industriels) ou une imitation de fourrure à base de maïs.
« Il va bien entendu falloir du temps avant que de tels produits se démocratisent, mais il ne fait aucun doute que les nouveaux matériaux respectueux du bien-être animal et de l’environnement vont se multiplier », conclut Mads Arlien-Søborg.
ET VOUS ?
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